vendredi 12 juin 2015

Diary (ma vie est un labo) #4 - Un jour mon papillon viendra


Quand on s'appelle Vanessa, qu'on est petite fille et qu'on apprend que le Vanessa est aussi un papillon, on éprouve forcément de la sympathie pour le joli insecte qui compte tant d'espèces variées et colorées qu'on peut passer des heures et des heures à les observer dans les encyclopédies ou, moins drôle, dans les musées, accrochés à des épingles. On rêve donc forcément aussi de pouvoir en toucher un, d'en voir un se poser sur son doigt, de le garder là quelques secondes, de l'observer de si près qu'on se croirait dans un Disney. On se rend vite compte que c'est mission impossible, mais on garde ce rêve de petit fille au fond de son coeur d'adulte.

Et puis, parce qu'il y a de la magie dans la vie (je ne cesse de le répéter, il y en a, même si c'est parfois - souvent - dur à croire), il y a des rêves de petite fille aussi improbable que celui-ci qui finisse par prendre vie...






Cher journal,
Chers curieux,

Vulcain ou Vanessa Atalanta par Luc Viatour / www.Lucnix.be
Il était un papillon, peut-être maladroit, peut-être vieillissant, peut-être assommé ou blessé par un prédateur qui s'échoua dans le bol d'eau d'un gros lapin blanc de six ans prénommé Léo. Son petit corps flottant, ses ailes lourdes étalées dans l'eau stagnante, on peut penser qu'une mort certaine l'attendait là. Point final d'une vie déjà bien trop courte d'un papillon lambda.

Mue par une envie subite de nourrir mon lapin à une heure inhabituelle, je saisis le saladier qui contient toutes les épluchures de légumes réservées pour lui et m'en vais d'un pas déterminé contenter son estomac de lapin en léger surpoids. Par réflexe, je regarde son bol d'eau afin de vérifier qu'il contient encore assez de liquide, qu'il n'est pas souillé. Une forme bizarre attire mon attention. Je m'approche et je découvre un papillon visiblement noyé. Je plonge mon index dans l'eau pour le sortir de là malgré tout. A mon grand étonnement, il s'accroche à moi. Tout délicatement, je soulève mon doigt et aide ses ailes à se décoller de la surface de l'eau sans se déchirer.

Toujours avec le papillon sur le doigt, je nourris le lapin, reprend mon saladier, retraverse mes 500m2 de jardin et rejoins la maison. Il est évident que ses ailes doivent sécher et moi j'ai un repas à préparer pour mon loulou. Je le dépose donc dans le persil que je cultive sur l'appui de fenêtre extérieur de la cuisine. Je prends la peine de le photographier, consciente que j'ai déjà une chance incroyable d'avoir pu le transporter ainsi sur mon doigt, ses petites pattes s'agrippant à moi avec douceur et fermeté. Une fois installé sur sa branche de persil, petit papillon a étendu ses ailes au soleil. Je lui dis déjà au revoir, persuadée qu'il va s'envoler bien vite.



















Le repas avalé, le loulou couché, la douche prise, bref plusieurs heures écoulées, je retourne voir si mon ami papillon est toujours là, espérant que non, craignant qu'il n'ait pas su survivre à son bain forcé. Malheureusement pensai-je, il est toujours là, immobile sur son brin de persil. Je caresse son corps du bout de l'index, celui-là même sur lequel il s'était installé quelques temps plus tôt. Je sursaute. Il a bougé les ailes! Les deux! Elles ne semblent pas abîmées, mais étrangement il ne décolle pas. Il se tourne pour faire face à mon index de sa petite tête et remonte sur mon doigt. Je fais des yeux ronds. Me voilà avec un papillon qui semble réclamer ma compagnie!

Et bien, si c'est comme ça, je le prends avec moi et continue de vaquer à mes occupations, je m'installe devant mon pc pour écrire. Je ne suis pas au bout de mes surprises: petit papillon s'installe, nullement gêné par le mouvement de mes doigts. La soirée s'écoule tranquillement, je suis à moitié abasourdie et en même temps consciente que je dois profiter pleinement de l'instant. Je fais ainsi régulièrement des pauses pour observer mon nouvel ami (et pour le mitrailler de mon appareil photo, histoire qu'on ne me prenne pas pour une folle quand je raconterai mon histoire). Son corps est par chance suffisamment gros pour mes yeux d'humain. Je peux le regarder sous toutes les coutures. Il est magnifique, si bien dessiné. Quand mes doigts arrêtent de s'agiter, il se redresse et joue de ses antennes, comme pour attirer mon attention. Je souris, je redeviens petite fille et utilise l'index et le majeur de ma main droite pour imiter ses mouvements d'antennes. Nous jouons ensemble comme emportés dans une autre dimension.



Pour les (trop) curieux qui scruteraient l'état de mes mains, je sors d'une grosse crise d'eczéma, la vie est ainsi faite...






Il est tard maintenant et petit papillon ne semble pas être prêt à s'envoler. Je m'inquiète, je ne voudrais pas qu'il meurt de faim. Google a beau nous espionner, Google est aussi mon ami paraît-il; le moteur de recherches m'indique les articles qui éclaireront ma lanterne: que mange un papillon quand il ne peut se délecter du nectar des fleurs? Du jus de fruit pardi!

Ca tombe bien, j'ai des kiwis à ne plus savoir en manger (bio évidemment). Tant qu'à faire, on va essayer de le nourrir! La tête que j'ai fait quand il s'est précipité sur le jus de kiwi, la trompe alerte! Il a clairement goûté (sans doute n'avait-il jamais bu du jus de kiwi évidemment) avant de coller sa trompe très franchement sur le plan de travail de la cuisine. Il a mangé pendant une bonne une heure ou alors il s'était endormi, difficile à dire. Au bout d'un moment, j'ai cessé de l'observer pour retourner à mon pc. C'était vraiment surréaliste de taper sur mon clavier tout en me disant "j'ai un papillon qui boit du jus de kiwi sur mon plan de travail".








Pour la nuit, je l'ai mis sous une cloche en plastique percée de trous. Je ne voulais pas le remettre dehors de crainte qu'il ne survive pas.

Le lendemain matin, je l'ai remis dans le persil. Je me suis absentée quelques heures et quand je suis revenue, il s'était envolé terminer sa petite vie de papillon sous d'autres cieux...


Une bien jolie histoire pas du tout fantasmée qui m'a donné des ailes et qui, je l'espère vous en donnera aussi.



PS: Pendant ce temps-là, quelqu'un parle aux oiseaux (au soleil et aux forêts). Exceptionnellement, je sors - fort- de ma réserve et dédie cet article à l'élu de mon coeur: je t'aime <3

Ness Butterfly

2 commentaires :

  1. Un peu de tendresse dans ce monde de bruts! <3
    Très jolie expérience et surtout très jolies photos!
    Vi

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    1. De la tendresse et de la magie <3
      Merci pour les photos, j'ai aussi eu de la chance de réussir à le photographier aussi bien!
      Sans prétention, je pense que cet article devrait faire le tour du web :p

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