samedi 5 octobre 2013

Littérature #6 - Chrysis (Jim Fergus)


Bonjour les curieux!

Aujourd'hui, je vous parle de "mon premier Fergus", entendez par là que j'ai lu pour la première fois un roman de Jim Fergus dont on parle beaucoup pour l'instant. C'est via Chrysis que j'ai découvert cet auteur que je ne connaissais pas du tout. Il est vrai qu'il m'eut été difficile de passer à côté de la grosse publicité qui a été faite autour de ce livre. Même la Première Dame de France en a parlé dans sa chronique pour Paris-Match.

Mais qui est ce Jim Fergus que tout le monde semble porter aux nues?


Jim Fergus (www.babelio.com)
Né à Chicago en 1950, John Fergus a donc 63 ans. Sa mère était française et son père américain, et, malheureusement, ils sont décédés tous les deux alors que Fergus n'avait que 16 ans. Dès l'enfance, il se passionne pour la culture Cheyenne. Professeur de tennis, puis journaliste, chroniqueur (notamment pour Newsweek), il publie son premier livre en 1992, Hunter's Road. Ses deux livres les plus connus semblent être Milles Femmes Blanches, son premier roman et Marie-Blanche, publiés respectivement en 2000 et 2011. Il vit dans le Colorado où il aime parcourir les grands espaces avec ses labradors. Il est ami avec Jim Harrison et Robert Redford qui l'ont tous les deux encouragés à devenir romancier.


Le quatrième de couverture

"Paris, 1925. Gabrielle "Chrysis" Jungbluth, âgée de 18 ans, entre à l'atelier de peinture des élèves femmes de l'Ecole des beaux-arts pour travailler sous la direction de Jacques Ferdinand Humbert, qui fut le professeur de George Braque. Exigeant, colérique, cet octogénaire qui règne depuis un quart de siècle sur la seule école de peinture ouverte aux femmes va vite réaliser que Chrysis n'est pas une élève ordinaire. Précoce, ardente et véritablement talentueuse, cet esprit libre et rebelle bouscule son milieu social et un monde de l'art où les hommes ont tous les privilèges. Elle va bientôt se perdre dans des plaisirs désinvoltes et devenir l'une des figures de la vie nocturne et émancipée du Montparnasse des Années folles. C'est là qu'elle va rencontrer Bogey Lambert, cow-boy américain sorti de la Légion étrangère et vivre un amour fou."


La couverture

Il s'agit d'une photo sépia de Chrysis à 15 ans, en 1922, sur la plage de Dieppe (voir photo ci-dessus). Elle porte un bonnet, des chaussures, un t-shirt sans manche à col en V et un short, à moins que l'ensemble ne soit une combinaison. En tous les cas, elle est parfaitement à la mode de son époque.


Tout ceci nous plonge bien sûr immédiatement dans une ambiance rétro "années folles".




L'histoire

L'avant-propos (puisqu'il y en a dans ce livre) est émouvant, sans toutefois tomber dans le pathos. L'auteur y évoque la manière dont Chrysis a pris naissance, après le décès de sa compagne des suites d'un cancer. C'est elle qui a déniché un des tableaux de Gabrielle, Orgie, chez un antiquaire français, lors d'un ultime voyage thérapeutique en Europe. Il explique pourquoi  ce tableau est devenu si important pour lui et comment il en est venu à s'interroger sur la vie de son auteur, un temps figure locale du courant expressionniste de son époque.


http://xavierdenecker.fr/2013/09/10/chrysis/


Selon les propres termes de Jim Fergus, l'histoire contée dans ce roman se veut simple. Il précise bien qu'il s'agit d'un roman et non d'une biographie. Il a voulu, à travers son écriture, mettre en relief l'exubérance de la jeunesse, le processus de création, le vertige des premières expériences sexuelles, du premier amour dans un contexte où tous les espoirs étaient permis. Bien qu'il s'agisse d'un roman, c'est à un véritable travail de détective auquel s'est astreint Fergus en partant sur les traces de Chrysis.

Le roman ne débute pas avec Chrysis, mais bien avec le héros masculin du livre, Bogart "Bogey" Lambert, jeune américain qui s'engage dans la Légion étrangère par idéalisme pour aller combattre en France lors de la Première guerre mondiale. On suivra les deux héros par alternance de chapitre jusqu'à ce qu'ils se rencontrent. C'est ainsi qu'on ne découvre Chrysis qu'à la page 51. En attendant, l'oeil attentif se délectera des allusions discrètes à la propagande de guerre et aux raisons souvent bien légères qui peuvent pousser à s'engager dans un conflit armé.





On suit donc Bogey (et son cheval, Crazy Horse) sur la route, de l'Amérique à... Mons (et c'est toujours un événement que de retrouver une ville belge mentionnée dans un bouquin!) pendant que Chrysis rejoint son école d'art. Personnellement, à ce moment du récit, je trouve, dans l'ensemble, l'histoire de Bogey bien plus intéressante que celle de Chrysis que j'ai suivi d'un oeil plutôt distrait. Par ailleurs, dès les premières lignes, j'ai trouvé que le récit et l'écriture manquaient de densité. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'étais imaginée une écriture plus riche. Cette sensation ne m'a pour ainsi dire pas quittée de ma lecture et ce n'est que vers la page 200 que j'ai enfin réussi à pénétrer pleinement dans le récit au point d'oublier le monde qui m'entoure. Et c'est cette sensation que je recherche quand je lis, il est donc bien dommage que je ne l'ai ressentie que vers la fin (le livre compte 276 pages!). Le livre m'a quand même fait vivre d'agréables moments, comme lorsqu'on apprend pourquoi Gabrielle a choisi de se faire appeler Chrysis, peu après la page 100 ou lorsque Bogey et Chrysis font l'amour pour la première fois (bien que là encore, l'écriture aurait pu être plus dense).

Mon impression finale reste malheureusement ce goût de trop peu, de n'avoir fait que survoler les personnages, leurs sentiments, leurs relations aux autres. Un récit de surface alors que l'histoire, le contexte, l'époque m'avaient fait espérer un récit dense dans sa trame, ses décors, ses ambiances, ses odeurs, ses saveurs. Dense en mots aussi alors que je trouve que nombre des dialogues sonnent creux, voire faux par moment. Je m'attendais à quelque chose de plus littéraire et si je ne devais en retenir qu'une chose, ça serait vraiment le manque de densité, vous l'aurez compris. Ca ne me plait pas du tout d'en arriver à cette conclusion car je sais à quel point le processus d'écriture est quelque chose de compliqué et qu'arriver à écrire une histoire complète est déjà un défi en soi, je me sens toujours mal d'émettre un avis mitigé ou négatif sur le travail d'un auteur.

Je m'interrogais d'autant plus que je semblais être la seule à émettre une opinion partagée sur ce roman... Je n'étais peut-être pas d'humeur. Des fois, on n'est simplement pas d'humeur pour entrer dans l'ambiance de tel ou tel livre et quand on le relit à un autre moment, on y arrive. Depuis, j'ai lu au moins un avis qui rejoint le mien (ouf je ne suis pas seule sur Terre :p ).

Je compte en tous les cas lire un autre des ouvrages de Jim Fergus, pour voir si je reste sur cette impression mitigée ou si la balance penche plus d'un coté ou de l'autre. Mon choix se portera sans doute sur Marie-Blanche pour lequel les critiques parlent d'une "grande force narrative", ce qui manque justement à Chrysis, selon moi.

Et vous? Avez-vous lu Chrysis? Qu'en avez-vous pensé? Avez-vous lu d'autres livres de cet auteur?

Chrysis de Jim Fergus, traduit par Sophie Aslanides


Merci d'être passé me lire et que votre weekend soit doux...



Ness Butterfly
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1 commentaire :

  1. Pas lu, non, mais bizarrement, je l'ai eu en mains la semaine dernière!
    Vraisemblablement attirée par la couverture, qui semblait traduire une biographie, en effet. Et en général, j'aime bien, les bios.
    Mais le 4e de couverture ne m'a pas plus boostée que ça, donc retour dans l'étagère du magasin ;-)
    Vi

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