samedi 10 mai 2014

Voir autrement #1 - Des penseurs vraiment critiques: George Orwell




Bonjour les curieux! Quelle joie de vous retrouver ce weekend, non seulement pour vous présenter un nouvel article, mais également une nouvelle rubrique

Si vous êtes attentifs, vous avez constaté que, ici, tous mes articles sont classés proprement par thème (et par ordre alphabétique). Vous savez aussi qu'au fil des semaines, les différents sujets que je vous propose touchent mon quotidien de près ou de loin et par extension ce petit chemin que je suis  pas à pas, avec curiosité, et sur lequel j'évolue au gré de mes découvertes. Quand on cherche, on trouve j'ai envie de dire et donc voilà qu'à ce stade de mon cheminement, mon nez se promène plus souvent en dehors des sentiers battus qu'à l'intérieur. C'est ainsi que mon regard se retrouve de plus en plus attiré par "autre chose que ce qu'on a l'habitude de voir", notamment dans les massmedia qui sont d'une pauvreté intellectuelle, analytique et culturelle affligeante. J'y ai quand même nagé yeux grands fermés pendant des années, donc qu'il soit clair que je ne jette la pierre à personne. J'ai simplement envie de partager avec vous cet autre regard qui m'habite désormais depuis que je... vois autrement ;)

Voir autrement, on peut caser plein de choses derrière ces mots et je traiterai donc différents sujets dans cette nouvelle rubrique.  Premier sujet: les penseurs critiques. Sujet au long cours qui fera l'objet d'une série (d'où le #1 dans le titre de l'article). J'ai choisi de commencer par George Orwell, ce n'est peut-être pas le plus original, mais étant donné que j'ai déjà lu 1984 et que j'en ai parlé sur le blog (ici), je trouvais qu'il y avait une certaine logique à commencer par lui.




Pourquoi "vraiment critiques"? Parce que j'ai décidé de me servir du livre du même titre comme base  pour la série d'articles que je vous présenterai. Les références complètes de l'ouvrage se trouve en fin d'article sous le titre "sources". Comme je vous l'ai dit précédemment, j'aimerais commencer à sourcer plus sérieusement et plus systématiquement mes articles.

Attention, mon objectif n'est pas de vous présenter un dossier complet de plusieurs pages ou un mémoire du style hypothèse-thèses-antithèse-synthèse, donc forcément je ne serai pas complète. J'espère juste lancer des pistes, peut-être vous faire découvrir des choses et surtout attiser votre curiosité!

Maintenant que les présentations sont faites, c'est parti! Bonne lecture! J'espère que l'article et cette nouvelle rubrique vous plairont. N'hésitez pas à me dire quoi dans les commentaires!



Qui est George Orwell?


De son vrai nom, Eric Blair, il est né au Bengale le 25 juin 1903, mais a rejoint l'Angleterre dès 1904. Il a passé son enfance dans l'internat d'une école préparatoire. Ensuite, dès ses 14 ans, il a étudié à Eton avant de s'engager dans la police impériale en Birmanie, en 1922. Cinq ans plus tard, il démissionne pour devenir un écrivain engagé, un auteur témoin de son époque, un journaliste qui enquêtera notamment sur les conditions de vie des pauvres en France et en Angleterre. Il publiera son premier livre en 1932, Dans la dèche à Paris et à Londres. En 1939, il s'engage dans la guerre d'Espagne. Ensuite, pendant la seconde guerre mondiale, il se porte volontaire à la Home Guard et travaille en parallèle pour la BBC.

Ce n'est qu'en 1945 qu'il publie La Ferme des animaux (dont je vous parlerai sur le blog quand je l'aurai lu) avant de se lancer dans la rédaction du fameux 1984, avant de mourir de la tuberculose en 1953.


Je ne sais pas ce que ça vaut, mais j'ai lu qu'Orwell n'était pas spécialement doué pour l'écriture à la base et qu'il a énormément travaillé pour s'améliorer. Personnellement, je crois aussi que son vécu et son cheminement de pensée, ses analyses ont dû grandement contribuer à l'amélioration de ses écrits.

 

 

 

En quoi sa pensée me semble-t-elle intéressante?

 

Tout d'abord, elle est inclassifiable et j'aime ça. Toute pensée classifiée et/ou classifiable court le risque de perdre son essence, ses nuances et de se retrouver réduite à sa plus simple expression. Orwell est inclassable et difficilement récupérable par quelque courant que ce soit si ce n'est celui de la littérature.

Ensuite, Orwell a vécu de plein fouet les grands bouleversements politiques et industriels qui ont suivi la guerre 14-18. C'est un monde nouveau qui est né sous ses yeux et qui a servi de contexte et de terreau à sa pensée et à ses écrits. C'est aussi son"petit" monde à lui qui a nourri ce terreau, un monde fait d'humiliation sociale et d'oppression lors de sa scolarité à l'internat entre sa huitième et sa quatorzième année. Certains disent qu'une fois adulte, Orwell fit un parallèle entre cette période de sa vie et le totalitarisme, ce qui donna naissance à 1984. Il y était humilié et puni à coups de cravache car il souffrait d'énurésie nocturne. Adulte, l'oppressé devient oppresseur, quand, jeune officier de police en Birmanie, il se voit "obligé" de brimer à son tour. C'est à ce moment de sa vie qu'il commence à s'intéresser à la politique et à s'opposer à l'autorité. Il fuira l'impérialisme et jugera alors néfaste toute forme de domination de l'homme par l'homme. La pensée d'Orwell prend forme. Elle se consolidera lorsqu'il ira vivre avec les pauvres, comme les pauvres, pour enquêter sur leurs conditions de vie. Notez, détail interpellant, que son arrière-grand-père paternel était propriétaire d'esclaves en Jamaïque.




De par ses actions, il se retrouvera catalogué socialiste, pourtant c'est un courant qu'il critiquera énormément. Pour lui, le socialisme doit être une ligue des opprimés contre les oppresseurs (lutter contre la domination de l'homme par l'homme, je le rappelle), force lui sera de constater que c'était loin d'être le cas. Il estimera jusqu'au bout que l'abolition du fascisme  ne pourra venir que d'une révolution sociale.

Liberté et égalité font également partie des fondements de sa pensée.Tout comme une critique radicale du capitalisme et de la société industrielle dont il avait su percevoir les dérives de manière quasi prophétique. Ainsi dans Un peu d'air frais, publié en 1939, Orwell parle de dégradation d'environnement, d'envahissement du monde par des objets trop nombreux et inutiles. Très vite il analyse  et critique le productivisme, le machinisme, la déshumanisation du monde. Il remet également en cause la foi aveugle dans le progrès technique. 


"Toute idée de ralentissement des innovations techniques est considérée comme un blasphème".


Il a également dénoncé le pouvoir de l'argent. Il ne supportait pas que l'argent soit élevé au rang de valeur, rendant la "pauvreté" honteuse, peu respectable. Il ne critique par l'argent en lui-même, mais bien son image, son pouvoir et la manière dont il pervertit les mentalités et fait que l'homme devient un loup pour l'homme. L'argent met en marge celui qui n'en a pas ou ne veut pas en avoir. Ne jouez pas le jeu de l'argent et vous vous retrouverez de facto marginalisé par la majorité.
 

J'ai cette impression qu'Orwell a toujours sur garder un certain recul sur ce qu'il vivait et observait, qu'il a en permanence analysé et remis en question pour se faire sa propre opinion. Bien sûr il a été un visionnaire, un précurseur, et comme tel sans doute a-t-il été raillé quelques fois par ses contemporains.



Et puis surtout, il combat toute forme de pensée unique. Aujourd'hui plus que jamais il me semble que ce combat est d'une importance capitale.

Mais a-t-il toujours su garder du recul sur ses propres actes? Rien n'est moins certain puisqu'il aurait participé à la chasse aux sorcières et dénoncé des cryptocommunistes (personnes qui partagent secrètement des convictions communistes ou dont les idées se rapprochent du communisme). Cette information doit cependant être nuancée car d'autres sources mentionnent le fait que c'est en toute bonne foi qu'Orwell aurait communiqué des noms à une amie lors d'une conversation visant à recruter des intellectuels susceptibles de faire de la propagande anti-communiste. Tuberculeux, il terminait alors sa vie dans un sanatorium.

Vous voyez comme il est donc important, quel que soit le sujet, de s'informer un maximum, de recouper les sources, de contextualiser, d'analyser, de réfléchir, d'intégrer les informations pour ce qu'elles sont. Le but est toujours de se nourrir afin de créer et consolider sa propre pensée, jamais d'absorber, d'intégrer tout cuit, de faire sienne à 100% la pensée d'un autre. Attention à la pensée unique vous dirait Orwell! Développez votre propre conception du monde. Regardez derrière le rideau! J'espère avec mes modestes petits articles vous ouvrir non moins modestement d'autres univers dans lesquels vous pourrez puiser pour nourrir le vôtre d'univers. En un mot, quel que soit le sujet de mes articles, j'espère vous informer, comme d'autres m'informent, créant ainsi un merveilleux réseau/relais d'information en dehors des massmedia.

Et ce qui est certain, c'est que George Orwell a su faire de ses ouvrages de merveilleux outils de réflexion politique. Si vous avez une PAL de type "initiatique", je ne peux que vous conseiller de le lire.



Je terminerai par ces quelques vers d'Orwell, publié en 1934, dans une revue:


"La fumée acide a brûlé les champs,
A fané les fleurs dans le vent.
L'homme est devenu étranger au "monde brillant" 
que bâtissent ceux qui ont élevé des tours".



Et par ces quelques commentaires de la bouche même de l'auteur-penseur... (en anglais)




Je vous laisse méditer là-dessus les curieux! Passez un bon weekend et à la semaine prochaine...


Sources: 
- Radicalité. 20 penseurs vraiment critiques, Editions L'échapée, Collection Frankenstein. 
(Le chapitre sur George Orwell a été rédigé par François Bordes)
- Wikipédia
- http://george.orwell.free.fr/



Ness Butterfly
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4 commentaires :

  1. Alors voilà un nouveau rendez-vous que je trouve fantastique! Une excellente idée, un article très bien construit, bref, un régal! J'aime beaucoup Orwell, donc te lire a été un plaisir! Bravo et j'ai hâte de voir le prochain!

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    1. Oh supeeeerrrrr! Merciiii! :D J'ai pris énormément de plaisir à concevoir cette série avec quand même une appréhension sur la manière dont elle allait être reçue. Ton message m'a fait bondir de joie!!
      Je vais essayer de ne pas trop tarder pour la suite, et il y en a pour plusieurs mois! ;)

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  2. J'allais dire que la période à laquelle il vivait (1re et 2e guerres mondiales, guerre d'Espagne, révolution industrielle, etc.) était propice à la critique et à se dresser contre pas mal d'idées.
    Mais au final, un siècle après, les combats restent un peu les mêmes, à peu de choses près...
    Les penseurs seraient-ils intemporels? ;-)
    Vi

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    1. Effectivement, quand on prend un peu de recul, on se rend compte qu'il y a encore aujourd'hui matière à penser, réfléchir et analyser ;) Et beaucoup de combats à mener aussi.

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