samedi 15 novembre 2014

Billet d'humeur #1 - Ma première grève





Voilà un petit moment que j'ai envie de vous proposer des billets d'humeur sur le blog. Je reporte chaque fois "à plus tard", "quand j'aurai plus de temps pour réfléchir au concept et me poser pour écrire". Je n'avais donc pas prévu de publier un billet d'humeur aujourd'hui, et puis je me suis dis, allez, courage, lance-toi. Le texte que je vais vous livrer ci-dessous, je l'ai écrit il y a une semaine déjà, j'avais besoin de poser les mots sur le papier en réponse à certaines réactions que j'ai pu observer ou que l'on m'a rapportées.


 

Voici ma petite bafouille...
Cette semaine, je n'ai pas eu le coeur à écrire un article. J'ai pourtant plein d'articles à finaliser. Cette semaine, j'ai mal au coeur. Cette semaine, j'ai le cerveau embrouillé. Mon employeur a licencié plusieurs personnes en quelques jours. Un chiffre énorme pour une "petite boîte au service de la population". Un chiffre qui va grossir, on le sait. Des licenciements pour raisons économiques alourdis par un manque d'humanité évident. "Il n'y a pas de manière humaine de licencier" m'a-t-on répondu.

Combien de personnes de nos jours se retranchent derrière ce genre d'arguments et ce dans tellement de domaines? "On ne sait pas faire autrement." "Le monde est ainsi fait." "Il doit y avoir une raison, ces gens sont responsables de ce qui leur arrive." "C'est la vie." Et ces mêmes personnes zappent ce qui se passe sous leurs yeux comme ils passent d'une chaîne à l'autre le soir devant leur télévision. Ces gens vivent-ils comme des zombies? N'ont-ils pas de coeur? Et si c'était eux demain? Si c'était eux qui valsaient la gueule dehors sans sommation? Si c'était eux qui ne pouvaient plus rembourser leur(s) prêt(s), payer les études de leurs enfants, si c'étaient eux demain les fiers qui se retrouvaient tout en bas de l'échelle avec ce qu'ils prennent pour la lie de la société, dépassés, obsolètes, vilains pas beaux bon à rien qu'on finira par traiter de profiteurs à moins qu'ils n'aient l'immense chance de trouver et d'accepter un  job infâme et dégradant. Pourquoi j'ai mal et pas eux?

C'est en pensant à ces gens, à mon loulou et au monde qui l'attend, au monde d'aujourd'hui et à celui de demain, au monde dont je rêve moi, que je me suis rendue à la manifestation nationale de ce 6 novembre à Bruxelles. En plus d'être "trop sensible", me voilà gréviste ET manifestante. J'ai la chance d'avoir pu exercer mon droit de grève, je ne fais pas partie de ces gens au contrat précaire qui n'ont pas osé s'absenter de leur boulot. J'ai la chance de ne pas avoir été menacée de licenciement si je me mettais en grève. Mais que de regards de travers. Quelle mouche l'a piquée? N'a-t-elle pas assez de boulot pour se permettre une journée à rien faire? Et puis, à quoi ça sert? D'autres, ailleurs, qui bénéficient d'un solide contrat, le genre qu'on ne casse pas comme ça,  on leur a promis une carrière brisée, plus aucun avancement possible, à moins de rester le cul sur sa chaise à travailler, loin des grévistes, ces contagieux.

Je rappelle que nous, belges, avons un gouvernement néo-libéral à la solde d'une Europe qui ne place pas l'humain au centre des débats. Je rappelle que des personnes proches de l'extrême-droite composent ce gouvernement. Je rappelle que les mesures qui se trouvent dans l'accord de gouvernement ne vont faire que creuser des inégalités (pour faire court). Je rappelle la Grèce (et que ceux qui pensent que nous sommes loin de leur situation se renseignent). Et puis merde. Oui merde. J'ai le droit de penser que nous vivons dans un monde de fous. Que nous subissons une forme de servitude moderne complètement hallucinante et qu'autre chose est possible. J'ai le droit de regarder en direction des mouvements alternatifs, ceux qui parlent d'autonomie alimentaire, de transition, de consom'action, de décroissance, de solidarité. J'ai le droit de chérir la vie, la mienne et celles des autres, et de vouloir construire autre chose, ailleurs. Ceux qui en rient, qui regardent ça de haut, qualifient de doux rêveurs ou d'hypersensibles en ont tout autant le droit.

Mais qui a le droit de ne pas placer l'humain au coeur du débat? Qui peut s'octroyer ce droit sans qu'on lui jette au minimum un regard de travers?

Je ne m'octroye pas ce droit, au contraire, je me fais un devoir de faire tout l'inverse. Et c'est moi qu'on regarde de travers. Y'a pas comme un souci là???

Ce texte a été écrit en pensant fort à toi, Ani, et aux autres...


J'espère que mon premier billet d'humeur vous a plu. N'hésitez pas à me dire si vous en voulez encore ou pas.

Doux weekend les curieux <3


Ness Butterfly
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2 commentaires :

  1. On vit clairement dans un monde de fous, ça c'est clair!
    Face à ton "coup de gueule", je dirais la même chose, mais sous un angle différent: ce 6 novembre j'étais au travail. Pas pour une question de valeurs que je ne partagerais pas avec les grévistes, pas par lâcheté. Et pourtant, les regards de travers, j'y ai eu droit aussi. Des mots incendiaires également, quelques jours plus tôt, dans le train. "Bouh la traître qui ne suit pas le mouvement, qui se croit à l'abri, qui ne veut léguer aucune valeur à ses enfants". Honte sur moi, à peu de choses près... Mes circonstances de vie font juste que je ne voulais pas manifester ce jour-là, de cette façon-là. Je ne vois pas pourquoi je devrais me sentir honteuse. Et c'est bien cette "gueguerre" qui s'installe entre les "clans" (ceux qui travaillent, ceux qui font grève) qui me fait mal au cœur, moi. Se déchirer entre nous n'est pas la solution, ce n'est même pas l'objectif. Alors un monde meilleur oui, mais commençons par un minimum de respect les uns vis-à-vis des autres!
    Vi

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    1. Merci beaucoup d'avoir pris la peine de partager ton ressenti avec nous <3

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