samedi 5 septembre 2015

Diary (ma vie est un labo) # 6 - De la coupe menstruelle au flux instinctif


Mes chers curieux,

Tout d'abord, je tiens à vous remercier de tout coeur pour vos très nombreuses visites sur le blog cette semaine, je suis vraiment très très touchée! J'espère que vous reviendrez tout aussi nombreux après cet article :)

Dans mon dernier post, je vous annonçais une série d’articles bilan, mais aussi une chronique au sujet « brûlant ». J’aurais aimé ne pas le qualifier de la sorte, croyez bien, ce n’est pas pour attirer le chaland, mais parce qu’à mon grand étonnement, le sujet que je vais évoquer aujourd’hui semble déchaîner les passions et surtout les velléités. Il s’agit réellement d’un sujet polémique, malheureusement.

J’ai décidé de vous parler aujourd’hui de ce qu’on appelle « le flux instinctif libre ».
Qu’est-ce que c’est ? C’est le fait de réussir à gérer ses règles, comme on gère son urine, c’est-à-dire qu’on se retient jusqu’à un certain point avant de se soulager… aux toilettes.




Je parle volontairement de flux instinctif dans le titre de ma chronique parce que l’appellation « flux instinctif libre » ne trouve pas écho en moi. « Libre » me donne l’impression au contraire que le flux est libre de ce qu’il veut et s’écoule comme bon lui semble, hors, c’est un peu l’inverse quand même. Par contre, la femme est libérée de ses couches, ça oui… et oh wawww, quel sentiment de liberté !


Mais commençons par… le commencement.

Il y a quelques mois, je vous expliquais (ici) que je n’utilisais plus de serviettes hygiéniques, que j’avais découvert la coupe menstruelle et que j’en étais très contente. J’avais pour habitude d’attendre que le sang coule avant de la placer, je ne l’ai jamais mise préventivement, comme je pouvais le faire parfois, avec les serviettes hygiéniques et ce par facilité, pour éviter les « accidents », etc.

Avec le temps, j’ai fini par adopter une sorte de réflexe de type « je sens les premières gouttes, je me retiens, je file aux toilettes  mettre la cup dès que possible ». Je n’avais pas ce réflexe avec les serviettes, si je n’en plaçais pas une à l’avance, ma foi, je laissais mes sous-vêtements se tacher comme si c’était inéluctable…

Sans réaliser du tout ce qui était en train de se passer, je me suis rendue compte aussi que mes règles n’apparaissaient plus la nuit. Ensuite, je ne vous cacherai pas que j’ai eu un petit incident avec la cup : un soir, fatiguée, j’ai été maladroite et je ne l’ai pas bien placée, je me suis fait assez mal, suffisamment pour me refroidir un peu en fait. Le cycle qui a suivi, j’ai senti mes règles arriver, je suis allée aux toilettes, j’ai évacué en urinant. Ce n’était pas abondant, j’ai décidé d’attendre avant de mettre la cup… je ne l’ai plus jamais remise.  Pendant trois cycles, je n’ai utilisé aucune protection. Je n’ai pas tâché mes sous-vêtements une seule fois la nuit, quelques fois la journée, mais pas grand-chose. Il m’arrivait d’évacuer pas mal de sang en allant uriner (mes règles peuvent être abondantes), au point de m’impressionner et de m’inquiéter. Pour tout vous dire, je me suis montrée longue à comprendre. J’ai cru que j’avais un souci de santé, quelque chose qui obstruait l’écoulement « normal » de mes menstruations. Pour être complète, sachez que je ne prends plus de contraception depuis plusieurs années.

Et puis…. Et puis la lumière fût. J’ai découvert par le plus grand des hasards Pauline et sa chaîne « Les cheveux de Mini » et et et... sa vidéo sur le flux instinctif libre. Je profite de cet article pour la remercier et lui dire que je la suis régulièrement depuis pour ses connaissances en matière d'ingrédients de cosmétiques.  Je vous invite à découvrir sa chaîne ici et son blog ici. J’ai ensuite fait des recherches sur le net, lu et écouté d’autres témoignages. Pas de doute, c’était ce qui m’arrivait, sauf que, chez moi, ce n’était pas du tout une démarche consciente et volontaire. J’aurais voulu le faire consciemment que je n’y serais sans doute pas aussi bien arrivée.



Vu le déversement de remarques négatives, d’insultes, voire d’injures (dont certaines vraiment terribles) que Pauline des Cheveux de Mini a subi et doit encore subir, j’ai eu envie, moi aussi, de partager mon expérience et de crier haut et fort que ce n’est pas de la blague, que ça marche, que ce n’est pas dangereux comme certain(e)s le pensent.

Entretemps, le sujet est parvenu jusqu’aux médias de masse et j’ai été effarée de constater avec quel mépris et parfois quelle agressivité les journalistes aussi, souvent des femmes d’ailleurs, traitaient le sujet et prenaient de haut les blogueuses adeptes de la pratique. Je n’avais pas envie de me retrouver prise là-dedans, j’avoue, mais surtout de surenchérir en surgissant comme une pièce rapportée. De plus, étant donné que je devais faire mon bilan annuel chez ma gynécologue, j’ai d’abord préféré attendre d’avoir été examinée, pour être certaine que tout allait bien de ce côté-là avant de vous en parler, je ne sais pas moi, au cas où un polype jouerait les barrages… Et tout va bien.


Je vous ai évidemment concocté un petit journal du premier cycle où j’ai vécu le flux instinctif en pleine conscience.

Jour 1 - mercredi soir : démarrage en douceur, après une légère douleur dans le bas ventre, je sens que mes règles vont arriver. Je perds un peu de sang en m’essuyant après être allée uriner.

Jour 2 – jeudi : dans l’après-midi, je sens que c’est parti et que mes règles arrivent vraiment. Je suis dans un hôpital en train d’attendre qu’un proche revienne de la salle d’op' et je tiens à être là à son retour, je n'ose pas aller aux toilettes et je contiens donc le flux. Avec succès. Rentrée chez moi quatre heures plus tard, mes sous-vêtements sont un peu tachés, mais j’évacue longuement le reste aux toilettes. Je vide bien ma vessie avant de me coucher et libère mon flux.

Jour 3 – vendredi : Le matin au réveil, une légère goutte dans mes sous-vêtements, je libère mon flux dans les toilettes. Je referai la même chose avant de partir au travail et en arrivant, ainsi que deux autres fois avant midi. Je fais exprès de me rendre régulièrement aux toilettes, pas forcément pour uriner, mais pour libérer mon flux. Et ça marche.

Mes règles se terminent durant le weekend (comptez donc cinq jours de menstruation), je me rends de moins au moins aux toilettes vu que le flux se tarit peu à peu.




Bilan et réflexions après plus de 6 mois de flux instinctif dont trois vécus en pleine conscience.

1. Je n’ai aucune envie de revenir en arrière. Je trouve ça incroyable de pouvoir gérer mon flux comme je gère mon urine. C’est difficile à décrire, mais effectivement, je me sens « différente », plus libre, plus forte j’ai envie de dire, moins dépendante, plus en phase avec moi-même et la femme que je suis surtout. Je me dis aussi que la nature a bien tout prévu, à la base, et ça me laisse sans voix. Je pense au flot de serviettes et de tampons jetables qui pollue la nature, mais aussi à la femme à travers l’histoire… je me demande comment on en est arrivé là et quand.

2. Je n’ai jamais aucun souci de fuite la nuit. Ca peut m’arriver en journée, de manière plus ou moins forte, soit que je me retiens trop longtemps et je le sais pertinemment à l'avance, soit que je ressens certaines émotions…

3. Pratiquement, je ne porte aucune protection. J’ai une série de culottes que je ne mets que pendant mes règles, si elles sont un peu tachées, ce n’est pas grave, un tour à la machine à 60° et on n’en parle plus.

4. En cas d’  « accident », si je ne sais pas me changer, j’essuie ma culotte avec du papier toilettes. Avoir un peu de sang dans le fond de votre culotte pendant quelques heures ne porte pas à conséquence au niveau des mauvaises odeurs qui pourraient émaner de votre personne.

5. Effectivement pendant mes règles, je ne porte pas de jupe et pas de pantalon léger, un bon jeans me suffit.

6. Si je devais absolument contenir mes règles de manière artificielle, je mettrais ma cup, mais je n’ai pas du tout envie. A terme, j’investirai peut-être dans quelques protège-slips lavables, mais ce n’est pas certain, je dois encore y réfléchir et voir comme ça évolue, peut-être  que je n’aurai plus d’incident du tout et de toute façon, ils sont très légers.

7. Je travaille à temps plein à l'extérieur de chez moi et ça ne m’empêche pas de pratiquer le flux instinctif, je vais aux toilettes quand j’ai besoin d’y aller et si c’est toutes les trente minutes par moment et bien c’est ainsi. Je dois toute façon boire 2 litres d'eau par jour pour le bien de ma vessie et de mes reins donc je suis quelqu'un qui va aux toilettes régulièrement ^^ Les aller et retours aux w.c. varient car mon flux varie aussi, notamment en fonction du moment de mes règles. Je prends également mes précautions et je passe aux toilettes à certains moment-clés, un peu comme pour ma vessie en fait.

8. Ce que je ressens quand je me « retiens » ? La plupart du temps rien, c’est comme pour la vessie. Quand le moment d’aller évacuer se rapproche, je sens bien que mon périnée est contracté. Je pense que plus on travaille son périnée, plus c’est facile de se retenir.

9. Le monde tel qu’on nous le présente, notre fonctionnement d’être humain tel qu’on nous l’apprend me pose question depuis un bout de temps maintenant. Je ne peux que constater, au fil de mon cheminement, de mon questionnement, de mes expériences de vie que nous évoluons bel et bien dans un courant de pensée unique et de formatage de notre vie de A à Z. Je pense que je ne suis pas au bout de mes questionnements et de mes surprises… La pratique du flux instinctif libre bouleverse ma conception des choses.




Voilà les curieux… Je suis la première étonnée de ce qui m’arrive. Je n’ai pas écrit cet article pour vous dire ou vous conseiller de faire comme moi, mais bien pour affirmer que c’est possible, que ça existe vraiment, que ce n’est pas dangereux ou sale. Et aussi pour apporter ma pierre à l’édifice et mon soutien aux femmes qui pratiquent le flux instinctif, autant à celles qui le disent sur la place publique et doivent faire face à toutes sortes de réactions négatives qu’à celles qui le vivent cachées quelles que soient leurs raisons.

Si vous avez des questions ou des remarques à ce sujet, vous pouvez laisser un commentaire sous cet article ou m’envoyer un mail, l’adresse se trouvant dans l’onglet « me contacter ». J'espère ne pas avoir été maladroite, avoir été claire, j'espère que Pauline ne m'en voudra pas de l'avoir citée ici, je suis un peu stressée de publier cet article, surtout vu le trafic incessant sur le blog ces derniers jours...

Allez, je clique sur "publier" et advienne que pourra...



Merci de m’avoir lue, merci pour votre saine curiosité !
Ness Butterfly

4 commentaires :

  1. Ah, encore un truc que je ne connaissais pas du tout... Perso, je ne me sens pas de taille à essayer (flux trop important, je passerais mes journées aux toilettes!), mais je peux comprendre que ça soit possible pour certaines.

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    1. Certaines femmes qui ont un flux très important y arrivent très bien tu sais ;)

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  2. J'avais lu un article sur rue89 et je me disais aussi que c'était encore un truc pour culpabiliser les femmes. Genre: "Si des femmes y arrivent et pas moi, c'est que je suis nulle". Je suis contente d'avoir ton témoignage qui ne rentrent pas dans cet esprit. Mu

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    1. Merci beaucoup pour ton précieux retour <3
      J'aimerais pouvoir donner des conseils pour y arriver, mais j'en suis bien incapable vu mon chemin en ce domaine. J'ai vraiment eu de la chance d'y arriver par "accident" ou par réveil inconscient de quelque chose, qui sait.... ;)

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